La complainte de la botte.
Donc nous voilà parties, Mademoiselle Coloc-préférée et moi, prêtes à déambuler sur Grafton Street -alias l'Avenue de la pompe dublinoise- aussi longtemps qu'il le faudrait pour dénicher LA paire de bottes de mes rêves. Résultat des courses, une formidable après-midi shopping et papotages intensifs sur divers sujets profonds du genre:
- Alors ça me va bien la casquette, t'es sûre ?
- Oui, t'es super mignonne.
- Chuis pas ridicule ?
- Du tout.
- Tu me le dirais ?
- Bien sûr !
- T'es certaine alors, je la prends ?
- Oui Lola, certaine.
Courte pause. Scrutage intense de miroir. Puis petite moue sceptique:
- Mais je la mettrai tu crois ?
- ...
Bref. Presqu'un chapeau melon mais de bottes de cuir que néni ! ^^'
Deuxième jour, nous revoilà donc en mode chasseuses-fashionatas et là miracle: je la vois, je la reconnais, elle n'est là que pour moi. D'ailleurs, je l'aime déjà. Un tantinet de talons, pas vulgaire pour un sous, singulières mais classiques tout à la fois. P-a-r-f-a-i-t-e-s. Vif hochement de tête approbateur de Mademoiselle Coloc qui la trouve «classe». Il n'en faut pas plus pour me convaincre et je file à la caisse. Lola en profite pour s'acheter des escarpins pointus parce que «Hé, c'est quand même plus féminin que des converses, hein?» et les cartes s'échauffent déjà. ( Mais ça leur fait du bien après tout, on se les gèle dans ces contrées outre-manche !) Sortie de boutique donc, fières et dignes. On ne parle même plus tellement qu'on est concentrées sur notre nouvelle démarche. (Si ce n'est pour se faire remarquer judicieusement que les pavés, c'est drôlement pas pratique quand on porte des talons et que les villes ont décidemment étaient pensées par des hommes, pas de doute là dessus. Oô) Regard flatteur de ces messieurs sur notre passage. Petit coup d'oeil complice. Pour la peine, on décide de se balader, histoire d'étraîner nos nouveaux souliers. Telles des Perettes et leur pot au lait, on énumère à voix haute tout ce qu'on va enfin pouvoir porter avec nos nouvelles petites merveilles: des jupes, des robes, des leggings en ribambelles, des minis-shorts. Commentaire utile du jour: «Même avec des jeans, ça va bien.» Certes.
Sauf que je ne me sens pas très à l'aise là dessus finalement. Mais ça, pas question de l'admettre. Faut juste que je m'habitue, chuis sûre. Alors on continue à marcher. Un peu. Beaucoup. Longtemps. (Trop ?) Et là, c'est le drame:
- Aïe.
Regard outré de la Coloc. Vague froncement de sourcils.
- Aïe ?
Bon d'accord, ça va, j'avoue, j'abdique, je me rends: ces saloperies ont gagné. C'est une véritable torture, au secours ! J'ai mal partout, je boitille, elles sont trop hautes, elles ne tiennent pas les chevilles, c'est abominable, rendez-moi mes converses, faites quelque chose par pitié ! Lola s'accroche à mon bras et me glisse à l'oreille:
- Idem.
Le fou rire qui a suivi nous a fait tellement mal au ventre qu'on en a (presque!) oublié le mal de pieds. Et ce matin, nos magnifiques petites chaussures sont restées bien sagement... rangées au fond de l'armoire. ^^'
Et puis, tant que j'y suis à écrire un post de greluche, (Franchement, si je vous parle philo maintenant, je suis crédible ?) j'avais envie de vous faire partager le blog de Pénélope jolicoeur que j'ai découvert hier soir et sur lequel j'ai passé trois plombes et demi à m'étrangler de rire (Merci Aline ! <3) C'est vif, frais, léger et c'est un délice de lecture. Presqu'autant qu'un article de Sophie Henaff, by the way. (Et que celles, peu nombreuses, qui comprendront la référence osent me jeter le premier serre-tête ! Sic ;o) La seule noix dans les spécials K. c'est que, presque sur tous ses dessins, la Demoiselle porte des bottes.
Et crap. Oô