Et pourtant elle est là, tout près, tout à côté. C'est vrai, y'a rien qu'un mur entre nous. Oui mais alors, toute cette distance qui s'installe... c'est étrange, quand même.
Cette année, on va fêter nos trois années de Coloc. Dont une à partager la même chambre. Lits jumeaux et armoire commune. On pourrait même parler de record, non ? ;) Trois ans, ça fait 1095 matins à voir sa trombine au réveil, regard embué, mèche en bataille et grosses chaussettes velues pas très glamour. Trois ans, c’est autant de temps sans les ‘grandes personnes pour nous embêter’ comme elle disait. A s’auto-congratuler sur nos petits plats qu'on a laissé brûlé. Et puis trois ans, c'est sans doute près de 568 post-its roses collés dans tous les sens pour se dire des trucs sans importance. 'On est le dix, il serait peut-être temps de penser au loyer ?' 'Début des soldes aujourd'hui. Rdv Abbesses à 18h.' 'J'ai envie de chocolat.' 'T'as pas vu mes lunettes ?' ‘Il faut acheter du coton !!!!’ ‘Ranafoute, ce soir, c'est Desperate ou je déménage.'
Infime, oui. Mais essentiel aussi.
Petit sourire en coin et gros fous rires. Marathon séries sous la couette. Discussion à n'en plus finir et 'Viens dans mon dressing' made in nous. En trois ans, on a fait le tour de nos idées sur le monde, l'avenir, la philo, les garçons (ces salauds ; ), l'amitié, les voyages, la religion (sujet brûlant ^^) nos rêves, nos ambitions, nos projets, la musique, le meilleur parfum de Macaron (la framboise, naturellement <3). Nos peurs, nos complexes, nos regrets. Et Zadig, aussi: bien trop cher pour ce que c'est mais dont on aimerait avoir la panoplie, malgré tout. Je connais sa famille aussi bien que la mienne, son enfance sur le bout des doigts et l'histoire de sa sœur qui avait perdu son doudou le long du Canal Saint Martin en 1989. Ses amis, ses amours, ses emmerdes. Ses tics, ses tocs, ses goûts, ses dégoûts. Elle m'a appris la vie étudiante, m'a dévoilé 'son' Paris, les recoins du 18ème et les bonnes adresses du Marais. Les secrets de Beaubourg, des its-bags, les livres à lire absolument, les vieux films de son père et les bonnes adresses pour manger les meilleurs fallafels de la Capitale. Moi, je lui ai refilé un brin d'accent niçois, le goût du kir, des grasse mat' et quelques expressions biscornues au passage. A se demander qui de nous deux a gagné au change, hein ?
Je savais que le jour où un jeune homme tomberait amoureux d'elle, ce ne serait pas à moitié. C’était pas possible ça, à moitié. Soit on l'aime en entier, soit on l'aime pas du tout. Pas d'indifférence pour Lola. Et je ne me suis pas trompée ! Prince Charmant sur son cheval blanc ou Yankee brun dans son tunnel sous la manche, peu importe. Il l'aime comme il n'a jamais aimé, il tire des plans sur la comète, il débarque dans sa vie - nos vies - et chamboule d’un sourire toute notre petite routine établie. Si je suis jalouse ? Non, même pas. C'est dire comme c'est de l'amitié, de la vraie !
Lola avance, Lola grandit, Lola s’envole. Et je ne peux qu'admirer. Son bonheur, son assurance, sa force. Je suis juste un peu nostalgique, c'est tout. Parce que je sens qu'elle m'échappe. Alors je la fuis le plus possible, ces dernières semaines, un peu comme pour m'en aller la première. C'est bête, non? Mais c’est que plus personne ne m'écrira de petits mots sur le miroir quand elle sera partie…
De mon côté, je n’ai pas eu (pris ?) le temps de me poser pour réfléchir à l’absurdité de la situation qu’il me fait vivre. Et tant mieux, au final. Pourtant, parfois, entre deux métros, je me dis que c’est trop bête, d’en être arrivés là. Que ce silence n’a aucun sens. Petit regret de ne jamais savoir ce qu’il aurait pu advenir de nous. Je ne sais pas si je trouverai un jour un sens, à cette histoire… Oh et puis zut, depuis le temps que c’est n’importe quoi, à quoi je m’attendais au juste ?
Quoi qu'il en soit, je m'épanouis sur un tout autre terrain : je suis enchantée de mon boulot. Même si en étant stagiaire, je fais surtout des petites choses. Mais je m’en fiche royalement. Parce que ‘Se donner du mal pour les petites choses, c’est parvenir aux grandes avec le temps.’ N'est-ce pas ? Et puis aussi parce que, mine de rien, je découvre avec émerveillement un milieu dans lequel je me sens bien. A ma place. Enfin ! Que je commence doucement à savoir ce que je veux et que c’est juste délicieux. Et que quelques jolies rencontres viennent embellir ce nouveau quotidien.
Du coup, je suis embarquée dans le tourbillon de la branchitude parisienne… dans lequel j’entraîne ma
Sarah avec délectation. Et ce n’est pas peu dire ! On veux tout découvrir, tout faire, tout connaître, tout savoir. Profiter d’être ‘jeunes, belles & piétonnes.’ ;)
Profiter. Oui, je crois que c’est le mot juste. On a tellement eu l’habitude d’être séparées, déchirées, embrouillées qu’on a du mal à se décoller ne serait-ce que quelques jours. Comme si il fallait absolument rattraper tout ce temps bêtement perdu. Alors on vit à deux mille à l’heure, on carbure à un rythme de deux vernissages par soirs, on campe à la Fiac (et on y brunch, aussi, c’est tellement mieux ! ^^), enchaîne d’intenses journées de boulots après lesquelles ont tient néanmoins à caser soirées ‘arty-chic-et-branchées’, cinés, concerts, conférences de presse, shoppings, blog, piscine (sisi), mails, scéances photos, balades, manucure et master de philosophie… okay, okay: ça c’est que pour moi. ^^'
Bref, je ne sais pas quel est l’idiot qui a décrété que les journées devaient absolument faire 24 heures mais mieux vaut pour lui que je ne l’ai pas sous la souris à l’heure actuelle ! Parce que c’est à cause de lui que j’ai des tonnes d’épisodes de retard dans mes séries préférées et que je vais bientôt me faire virer de chez Néows. (Sic!)
Je suis fatiguée. Lessivée. A genoux. Mais je vais étonnement bien ! A croire que plus je cours, plus je me sens vivante. Mes soirées sont enrichissantes, grisantes, inattendues. Et Paris reste mon évidence. Du coup, je me réjouis de bientôt y voir débarquer Mademoiselle
Aline et ma
Choukette Anglaise préférée (ça, c’est parce que tu m’as grondé. Et toc ;). Là encore, je fourmille de projets et d’idées ! Mais je tiens avant tout à les embarquer
ici, parce que les images m’ont laissé abasourdi tant le choc émotionnel a été fort. Parce que si on y va, on y retourne forcément. Et puis parce qu’elles sont
photographes, après tout.
Bon week-end ! :)